Je t’ai détestée depuis ma plus tendre enfance. Je ne crois pas être la seule, pauvre mal-aimée. Jeune fille, je sautais de joie dès qu’on te bousculait. Pour moi, tu signifiais faire toujours la même chose, à la même heure, de la même manière. Un synonyme de plate, de manque d’ambition et d’intérêt. Je voulais t’éviter de peur de ne pas trouver mon unicité et ma créativité. Je me suis toujours vantée de ne pas t’aimer. Exécrer serait le bon verbe. Te briser, m’éloigner de toi était mon objectif quotidien. Dans mon travail, je désirais qui me permettrait de ne jamais te rencontrer.
Pourtant, j’ai dû me rendre à l’évidence que tu fais partie intégrante de ma vie et que tu seras toujours présente. Je dois m’excuser aujourd’hui pour ce manque de reconnaissance. Tu représentes l’ancrage et la sécurité dont mon cerveau et mon corps ont besoin. Est-ce la sagesse ou la fatigue qui vient avec l’âge qui me fait t’apprécier?
J’ai appris que tu es, en somme, une gamme d’habitudes qui me permet de calmer une certaine anxiété et me propose la quiétude pour équilibrer ma vie. Je ne peux pas me réinventer à tous les jours. J’ai besoin de me retrouver. Tu es la série de séquences pour mes dizaines activités régulières: pour le coucher, l’entraînement, la photo, le travail, mon enfant,… Un petit train-train apaisant.
Je ne vais pas me mettre à crier partout que je t’aime à la folie mais je peux sincèrement avouer que j’ai besoin de toi. Tel le brocoli, j’ai appris à t’apprêter pour t’apprécier afin que tu me ressemble. Pour te rompre, je sais que tu dois exister et représenter une stabilité. Je suis contente de retrouver mes pantoufles après une escapade surprenante.
Pour toute discipline, tu incarnes les règles. Je dois les connaître pour les briser. En photographie, les conventions de cadrage, d’exposition, de lumière et bien d’autres doivent avoir été intégrées afin de pouvoir ensuite jouer avec celles-ci pour innover et laisser libre ma créativité.
Tu symbolises également la discipline dans plusieurs domaines. Je suis fière aujourd’hui de dire que j’ai ma routine du matin, une discipline quotidienne qui m’amène plus loin dans ce que j’ai le goût de créer. Je mets mon réveil une heure plus tôt à laquelle j’ai été habituée puis je divise ces 60 minutes en différentes activités inspirées du livre Miracle mornings (les SAVERS : silence, affirmations, visualisation, exercices, lecture, écriture). La nature et la durée de ces activités diffèrent d’un matin à l’autre mais je tente toujours d’y inclure mes pages du matin (une écriture automatique de 3 pages de cahier).
Merci, chère routine, de m’apporter finalement du positif dans ma vie! Je répandrai la bonne nouvelle!
Sophie
